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LA TAPISSERIE AU XIV° SIÈCLE 47
partir du trente-cinquième tableau environ que le champ est agrémenté de rinceaux et de feuillages rappelant l'innovation introduite dans les vitraux, où un fond diapré remplace désormais le champ uni.
Avant d'aller plus loin, il convient de dire quelques mots des opérations préliminaires qui précédaient, au moyen âge, la mise sur le métier d'une importante tenture. Ces préparatifs ne diffèrent pas sensiblement de ceux qui sont usités de nos jours en pareille circonstance.
Depuis le xvi0 siècle, on connaît le nom de la plupart des artistes qui ont donné cles modèles aux ateliers en réputation. ïl n'en est pas de même pour la période antérieure. Presque jamais l'auteur des modèles ou des patrons, comme on disait autrefois, n'est mentionné dans les documents. C'est par une rare et heureuse exception que le nom de Hennequin de Bruges figure sur les comptes du duc d'Anjou, D'ailleurs, Hennequin ou Jean de Bruges, valet de chambre et peintre en titre du roi Charles V, était un personnage célèbre, ce qui explique cette dérogation aux habitudes ordinaires.
L'auteur des dessins de la Bataille de Roosebecke n'est pas nommé dans le compte qui a conservé le nom du tapissier, et il reçoit cependant 200 francs d'or pour son travail.
On sait toutefois que cette besogne était généralement confiée à un artiste de mérite. L'exemple de Jean de Bruges le prouve. Un autre peintre renommé du temps de Charles VI, Colart de Laon, ne dédaigna pas d'accepter une commande de bien moindre importance que les tableaux de ['Apocalypse. Il s'agissait de tracer une bordure décorée simplement de feuilles de mouron et de genêt.
Un long et curieux mémoire du commencement du xve siècle, publié il y a une trentaine d'années, nous initie au détail compliqué des opérations qu'exigeait la confection d'un patron de tapisserie. Trois ou quatre collaborateurs prennent part à l'œuvre commune. Il s'agissait de représenter l'Histoire de sainte Madeleine pour l'église placée sous l'invocation de la sainte, à Troyes. Un savant religieux jacobin, frère Didier, reçoit d'abord la mission de rechercher dans les manuscrits les épisodes à retracer, puis d'en donner une description précise par écrit. Sur cet exposé, Jacquet, le peintre, fera un premier projet en petit qui sera soumis à l'approbation du bon frère. Poinsète la couturière aura ensuite le soin d'assembler les draps de toile sur lesquels maître Jacquet tracera les compositions de grandeur d'exécution, avec le concours
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